DEBRA POWER
That's How I Roll
Autoproduction
Basée à Calgary (Alberta), la pianiste et chanteuse canadienne Debra Power grandit dans une famille de musiciens, puisque son père dirigeait un big band. Ce n'est qu'après s'être mariée qu'elle se résolut à publier un premier CD en 2016, qui la mena à ouvrir pour des artistes de renom (Elvin Bishop, Charlie Musselwhite).
Outre ses impressionnants talents instrumentaux et vocaux, elle compose l'essentiel de son répertoire, et ne propose sur disque que des originaux. Sa seconde livraison débute par l'ébouriffant All Night Playing The Blues, où son jeu sur les ivoires se révèle le plus virtuose et débridé depuis la regrettée Katie Webster ! Son timbre vocal puissant et assuré porte en outre la marque des grandes shouteuses Blues et vintage Rock, ce que confirme le twist Takin' The High Road, sur lequel on découvre une section de cuivres et une rythmique aussi solides que Swing. Se concluant en mode Gospel frénétique, cette seconde plage achèverait presque de nous mettre à genoux, mais le languide Blue Tears nous renvoie aux prémisses des greatfemale Blues singers, dans la veine de Bessie Smith. Poussé par les cuivres et la slide de Tim Williams, le shuffle de la plage titulaire suscite l'impression troublante d'entendre Duane Allman chez les Blues Brothers. Soutenu au Hammond B3, le Boogie If We Haven't Got Love présente à la slide un certain Joey Landreth (fils de son père, le grand Sonny, et membre avec son frère bassiste, David, des bien nommés The Bros. Landreth). Le Rockin' Boogie reprend ses droits avec l'enlevé I'm Coming Around, sur lequel le piano en remontrerait presque à Marcia Ball en personne, et cette excellente rondelle se referme sur le Blues Rock Side On Sue, où la slide de Landreth et l'harmonica de Steve Pineo donnent réplique aux harangues de Debra envers une fille de mauvaise vie.
Patrick Dallongeville