JOHN LEE HOOKER & THE COAST TO COAST BLUES BAND
Live At Montreux 1983 & 1990
Eagle / Universal
Il y eut au moins deux John Lee Hooker. Le 1er, né en 1917 à Clarksdale, Mississippi, dut avoir passé la trentaine avant de remporter son tout 1er succès (Boogie Chillen, à Detroit en 48). Il lui fallut encore attendre 1970 pour pouvoir enfin engranger ce qu’il avait semé 3 décennies durant. Fort de ces Boom Boom et Serves You Right To Suffer, dont il avait fertilisé les carrières respectives d’Eric Burdon et du J. Geils Band (sans parler de ce dont Canned Heat et ZZ Top avaient su tirer, Refried Boogie et La Grange), notre bègue favori put enfin rouler carosse à son tour. Relooké façon pimp (Ray-Bans, feutre blanc, mocassins et costard assortis), le pape du Boogie allait, dès lors porter beau pour une fin de carrière chromée. Tenant audience auprès d’émules aussi dévôts que Carlos Santana, Van Morrison et Bonnie Raitt, Hooker allait figurer en VIP sur nombre de guest lists, depuis Foghat jusqu’aux Rolling Stones, et ses émoluments atteindre de tels pics qu’il finirait par s’établir sur les hauteurs de Long Beach et Los Altos, en Californie… C’est de cette époque épique que provient ce double vinyle, témoignage de ses 2 prestations à 7 ans de distance lors du prestigieux festival de Montreux. Il se produisait alors à la tête d’un sérieux gang, constitué du guitariste Michael Osborn, du bassiste Steve Ehrmann, du batteur Tim Richard et de l’ex-claviériste du regretté Freddie King, Deacon Jones. Introduit par le poignant It Serves Me Right To Suffer, leur set de 83 inclut des versions ravivées de classiques telles que Worried Life Blues, I’m Jealous, Boom Boom ainsi que le classique de Tommy Tucker, Hi-Heel Sneakers, avant que Luther Allison et Sugar Blue (flanqués d’une section de cuivres) ne se joignent à la bacchanale pour une version enfiévrée de Crawling King Snake, précédant un Boogie Chillen cathartique de 17’. 7 ans plus tard, le 2nd LP de ce package, s’il comprend 4 doublons avec son cadet de 83, augmente son line-up d’un guitariste et d’un saxophoniste supplémentaires, ainsi que de la sémillante vocaliste Vala Cupp (qui devait hélas mettre fin à ses jours, à peine âgée de 51 ans, en 2005). Incluant cette fois d’autres perles de son répertoire telles que I’m In The Mood, Baby Lee et The Healer, cette 2nde galette s’avère l’indispensable complément de la 1ère.
Patrick Dallongeville