BAI KAMARA JR & THE VOODOO SNIFFERS
Traveling Medicine Man
MIG Music / Zig Zag World
Dire que cela fait déjà 3 ans que l'album précédent de Bay Kamara Jr résonne encore dans mes oreilles, et voilà que le nouvel opus arrive... Son précédent concert au Méridien de Paris à peine achevé, la chape de plomb du confinement tombait sur les épaules de tout un chacun. La promesse d'une nuit toute noire et sans fin faisait peser un silence mortifère sur l'audience encore sous le choc d'une prestation grandiose de Bay et ses musiciens. Mais parce que la vie, inexorablement continue, le voyage introspectif de Bay à travers ses racines et sa quête perpétuelle pour faire coexister en lui ses deux foyers, l'Afrique et l'Europe se poursuit, lui aussi ! Cest le souvenir de son grand père, Tinka Tanner Kargbo qui l'a inspiré. Lui qui éduqué par des missionnaires protestants a ensuite voyagé avec eux pour apporter des soins médicaux aux villageois et aux citadins. Lui, surtout, qui était parvenu à concilier ses croyances chrétiennes avec ses croyances africaines traditionnelles. Quel exemple, et ce pas seulement pour le petit fils ! Et en plus, nous avons à faire à un véritable album de 13 compositions (on en a pour son argent, sui s-je tenté d'écrire). A se demander si ce n'est pas une habitude chez cet artiste d'en avoir beaucoup à raconter. Le goût de la narration inspiré de la grammaire musicale de ses modèles, Big Bill Bronzy ou John Lee Hooker étant particulièrement prégnant ! Et il esr vrai qu'il poursuit ici son voyage pour notre plus grand plaisir. Rien d'étonnant donc à ce que son Blues suinte l'Afrique et la Sierra Léone à travers toutes les notes et les sonorités. D'aucuns n'hésitent d'ailleurs pas à parler d'afro-Blues, ce qui est paradoxal lorsque l'on sait que d'autres n'hésitent pas à explorer l'histoire du continent pour expliquer et comprendre le Blues justement. Les musiciens qui l'entourent sont à son image, européen, américain, du Burkina Faso ou du Cameroun, cosmopolites, compétents et excellents ! A la lettre B dans toutes les bonnes piles de CD dès le 3 mars.
Dominique Boulay
