THE ROLLING STONES
Sticky Fingers Live At The Fonda Theatre
Eagle Vision

 

 

 

 

The Rolling Stones Sticky Fingers Live At The Fonda Theatre

 

À force de nous faire virevolter dans le temps, les Stones From The Vault provoquent parfois de sacrées surprises. Ainsi, de ce concert au Fonda de Los Angeles, capté en 2015, les Stones reprenaient, alors sur scène, l’intégralité de Sticky Fingers, leur album de 71.

Peu importe que la plupart des protagonistes de l’album en question (Mick Taylor, Jim Price, Ry Cooder, Bill Wyman…) aient, entretemps, déserté le navire, ou soient plus prosaïquement décédés (Ian Stewart, Billy Preston, Bobby Keyes, Nicky Hopkins, Jimmy Miller, Jack Nitsche…). Inconscient du danger, Ron Wood a manifestement bossé à mort les licks de son prédécesseur. L’inconscient se risque ainsi à reprendre le solo titanesque de Can’t You Hear Me Knocking. Épaulé dans cette entreprise par le sax viril de Karl Denson, le bougre s’en tire avec la moyenne. Mais, alors qu’ils font mine d’achever ce set sur Brown Sugar, le proverbial grain de folie vient emballer la machine. En guise de rappel, nos incorrigibles septuagénaires ont choisi de rendre hommage au récemment disparu BB King, avec une reprise de son Rock Me Baby. Tandis que l’indéfectible Charlie Watts attise le shuffle, ces vieux chenapans de Ron et Keith s’y fendent chacun leur tour d’un solo, à la fois concis et fulgurant. Le bloooze s’y répand de manière si impromptue que Jagger ne résiste pas à emboucher un de ces harmos, qu’il gardait par devers lui depuis des lustres, pour porter ainsi l’estocade. À ceux qui douteraient, encore, que ce soit bien eux qui jouent sur leur dernier opus, nous recommandons de visionner cette séquence. Ce n’est plus aux studios Olympic ou à Muscle Shoals à l’orée des 70’s qu’ils remontent alors, mais bien au Crawdaddy de Richmond en 63 ! Comme enragés par ce bloodshot, ils entament alors une version insurrectionnelle de Jumping Jack Flash, dont seul Johnny Winter détenait jusqu’alors le record génocidaire. Clôturant sur une reprise torride de I Can’t Turn You Loose d’Otis Redding, nos cacochymes assènent le coup de grâce en forme de doigt d’honneur.

Patrick Dallongeville