Texte et photos © Éric Matelski
Quel beau slogan pour un festival des plus accueillants dans les Flandres Belge en ce mois d’août 2017.
Retardé sur le ring de Brussel, je n’ai pu voir D-Tale, le groupe belge d’ouverture de cette 30ème édition du Swing Wespelaar. Pour moi, ça commence fort avec Jimmy Burns, du Blues, du vrai ! Il est accompagné par un trio français, Xavier Pillac (gtr), Fabrice Bessouat (bat) et Antoine Escalier (bs), pour un bon set avec des extraits de son derniers album It Ain’t Right, des reprises comme Feels Like Rain et, surprise, un Stand By Me pour conclure.
Popa Chubby, que l’on n’avait pas vu en Belgique depuis longtemps, attaque direct par un Boogie qui réveille, puis un Blues et un Hey Joe mémorable. Il passe au Funk et au Rock saturé pour faire le show, et cela plaît beaucoup. Il casse une corde et met plus de 5’ à la changer... pas de 2ème guitare ! J’ai bien aimé sa version de Sympathy For The Devil.
Les trois 1ères formations du samedi ont représenté leur pays à l’European Blues Challenge 2017. Le quintet néerlandais Detonics met tout de suite la barre haute. En l’absence de leur guitariste, c’est Richard Van Bergen qui s’y colle. Vient ensuite les Belges The BluesBones, 2nd au dernier EBC. Ce band transpire le Rock depuis sa création, et est maintenant aux mains de son lead guitar Steph Paglia. L’orgue Hammond n’est pas en reste, sans oublier la voix du groupe, Nico De Cock. Les Britanniques de Kaz Hawkins Band ne laissent personne indiffèrent, bien que les 3 membres du groupe passent presque inaperçus derrière la maîtresse du jeu, l’Irlandaise Kaz Hawkins. Pourtant, le niveau musical est relevé et le jeu du guitariste Dr Nick (Nick McConkey) est rempli de subtilité. Les gagnants de l’EBC 2017 nous plongent dans leur ambiance, avec une certaine âme Blues & Soul. On accroche ou pas, au look, à la voix et au style, mais c’est une artiste à découvrir !
Un chroniqueur américain a écrit : À mon avis, BB King est le roi du Blues, ensuite il y a ce gars, Chris Cain. Pourquoi ce Monsieur n’est pas plus souvent en Europe ? C’est vraiment un excellent guitariste, avec une bonté dans son jeu et dans sa personnalité. Il murmure des I love you à sa guitare. Il rend hommage à BB et Albert King. Surprise, il revient sur scène pour ce mettre derrière le clavier, afin de rendre hommage à Ray Charles. Il quitte à nouveau la scène avec la larme à l’œil et, 5’ plus tard, il dédicace un vinyle de son superbe album Late Night City Blues de 97. Je ne peux oublier de parler de la complicité de Chris Cain avec Luca Giordano et son band. Quel plaisir pour le guitariste italien d’accompagner un homme que l’on vénère. Changement de registre pour de la Soul et du Gospel, avec le charismatique Earl Thomas. Indéniablement, il attire par sa présence. C’est du grand art. Pour terminer ce 2ème jour, après quelques grilles bien orchestrées, Bernard Allison entame un Bad Luck Blues. Cet hommage à son père est la seule chose que je retiens de sa prestation, le reste a été son saturé à fond, du show haute tension, teinté de Hendrix sur Voodoo Chile, par exemple, avec des percussions et du sax.
Bonne idée de commencer le dimanche par une chorale africaine dans l’église du village. Un tel succès que je ne peux y accéder pour voir le Choir Karibuni… et pas repiquage son à l’extérieur !
Ensuite, une formation belge, Tensfield, nous raconte son histoire à travers ses compos. Ils avaient été sélectionnés pour l’EBC 2017.
Shawn Holt & the Teardrops enchaîne. Bon, des Teardrops, il n’y a que le batteur Allen Kirk. Mais il y a eu une touche de magie, ce soir, entre Shawn Holt, le fils du légendaire Magic Slim, et notre Xavier Pillac national. I like this man prononce Shawn dans un solo de Xavier. On a eu droit, par 2 fois, à une joute entre deux guitaristes qui se respectent ! Un grand moment. Magic Slim, de là-haut, peut être fier de son fils. Bravo, You have the Blues, Shawn !
Puis, pour accompagner JJ Thames, 4 coqs avec un beau panache : Cedric Le Goff, Fabrice Joussot, Antoine Escalier et Fabrice Bessouat. Un show de qualité apprécié. Un band efficace, au service d’une chanteuse qui donne de la voix. Du Blues, JJ Thames en a à raconter, car la vie ne lui a pas fait de cadeau. Heureusement que la musique a sorti cette Dame du milieu homeless New Yorkais. Son dernier album, Raw Sugar, est excellent. Elle nous chante Boom Boom, c’est assez rare pour une femme de reprendre ce John Lee Hooker.
Pour changer, un peu d’harmonica avec l’excellent Giles Robson et son band, qui chauffe le public avant d’accueillir the star of the 21st century of Blues, Mr Billy Branch. On plonge dans le Chicago Blues. En bon professionnel, Billy nous honore d’un superbe show, mais quelque chose le chagrine, on le sent tendu. Au bout de quelques titres, Allen Kirk s’invite sur scène, et prend place à la batterie. Ceci va libérer notre légende du Blues qui se lâche au milieu du public. Puis, on a le droit à un duel entre les 2 harmonicistes pour terminer le show. On n’avait pas eu de Rock’n Roll, c’est chose faite avec Jim Suhler. Le guitariste chanteur assure dans un show qui décoiffe, avec un accompagnement basse/batterie/orgue Hammond. Beaucoup d’applaudissements. J’ai entendu dire dans le public : C’est un concert comme dans les 70’s. Pour ma part, il m’a fait penser à Alvin Lee. Il en profite pour rendre hommage à Rory Gallagher.
Pour conclure ces 3 jours, Heritage Blues Orchestra en quintet. J’aime l’authenticité de cette formation de Deep Blues qui raconte, à sa façon, l’histoire du Blues, en jouant sur scène un work song, par exemple. Dommage, Chaney Sims a été remplacée… et il manque quelque chose. Le batteur Kenny Smith a aussi été excusé. Par contre, Junior Mack & Bill Sims Jr sont présents, sans oublier notre Français Vincent Bucher, magistral en accompagnateur. Il cède d’ailleurs la place à Billy Branch pour quelques morceaux.
Difficile de faire court pour un festival de cette qualité. Un 30ème anniversaire réussi, qui marque les esprits… et c’est gratuit ! Merci à la commune de Wespelaar pour sa politique culturelle, aux 300 bénévoles et aux sponsors. Bravo aux organisateurs Filip Le Roy, Hans Baes pour la qualité de la programmation, pour l’ambiance, la diversité de la restauration, le stand CD… On se sent bien au Swing Wespelaar. Rendez-vous les 17,18 et 19 août 2018 pour la 31ème édition.