Texte et photos © Éric Matelski
Retour au Duvel Blues Festival pour sa 17e édition. On sait bien faire les choses ici. Pour avoir un bon produit, il faut de bons ingrédients, un savoir-faire….
Quand le breuvage est bon !
La brasserie flamande, sponsor du festival, n’a plus rien à prouver dans son domaine. Je vous invite d’ailleurs à combiner musique et visite de son usine située à Puurs. Sortons de la chope…, parlons musique. Le festival a changé plusieurs fois d’espace, mais il est toujours aussi sympathique. L’accueil, l’ambiance, le son, rien à redire. Il faut remercier le maitre-brasseur de l’affiche du festival, Gust Meeus ainsi que toute son équipe.
Pour cette cuvée de printemps 2018, au point de vue des ingrédients, ça commence par un tribute Bob Dylan local, fondé pour l’occasion. Vient ensuite, sur le deuxième espace Dries Bongaerts. On reste dans le Folk.
Les choses commencent vraiment avec le troisième concert. Il est 16 h 45, JJ Thames monte sur la grande scène.
À la guitare, notre compatriote Yann Cuyeu est en grande forme. Il fait le set avec inspiration. Mais c’est tout le band qui a progressé. Le fait d’être ensemble sur la route depuis longtemps amène une complicité au service du show. JJ, Yan, Fabrice Bessouat, Cédric Le Goff (avec de belles chaussures), accueillent pour quelques dates, Kris Jefferson à la basse. Avec ses qualités, il s’est entièrement intégré à l’esprit du band. Une grande JJ Thames, par sa prouesse vocale, va mettre le feu à la salle. Les yeux de certains n'étaient que pour elle ! Seul bémol, si il en faut un, sa tenue de scène à soigner. J’aime toujours autant sa version de Boom Boom, sans oublier, pour conclure le show : I Rather Go Blind. Personne ne peut y rester insensible !
Vient ensuite un duo formé par l’harmoniciste belge de renom Steven Troch et le guitariste-chanteur américain Lon Eldridge. Nous voilà dans une cuvée de Blues d’avant-guerre. On peut entendre du Robert Johnson, du RL Burnside, etc… Le public montre qu’il apprécie la qualité des deux musiciens. Pour ma part, j’ai encore l’esprit dans le concert précèdent, alors difficile d’être objectif.
Trois musiciens ont pris position de la grande scène. Ils sont tous habillés d’un pantalon noir et d’une chemisette dans les tons bordeaux. Ça balance dur depuis 3, 4 minutes lorsque l’on entend une guitare solo. Mais d’où ?
C’est alors que Corey Denisson fait son apparition par une entrée sur le côté du chapiteau. Tranquillement, il a traversé la zone buvette, restauration. On s’attroupe autour de ses envolées à la guitare et de sa voix qui interpelle sur Nothings Too Good for My Baby (sans micro). Le Monsieur a du métier, par la dégustation de son jeu, il a tout de suite conquis le public. Mais il serait péjoratif de résumer la prestation du Corey Dennison Band à uniquement leur intro, car le show a été de taille ! Du Chicago Blues fougueux, teinté de Soul, avec Joel Baer à la batterie, Aaron Whittier à la basse et un excellent guitariste Gerry Hundt pour accompagner le showman.
Retour à la deuxième scène avec Nico Backton, le plus français des joueurs de Blues belges.
Certains amis sont même être surpris quand je leur dis qu’il est de chez eux. Ceci n’est pas pour leur déplaire, car le monsieur a du talent. Il a une voix rocailleuse, joue très bien de la 6 cordes, et possède le sens de l’échange avec les spectateurs. Nico Backton & Wizards of Blues nous ont servi ce soir Good Morning Ll’ schoolgirl, Down In Mexico, Before You Accuse Me etc.. Il ne faut pas oublier que ce groupe a du métier, quatre albums, et qu’il a été récompensé en 2005 au Tremplin des Rendez-Vous de l'Erdre.
Ce n’est pas la première fois que je vois Fred Chapelier sur scène. Ce soir, il m’a épaté. On le sent totalement à l‘aise, heureux d’être sur là, épanoui. Il fait tout simplement son boulot de guitariste. Dans ce rôle, il exulte ! Au chant, dans un magnifique costard, Dale Blade avec sa voix Soul est majestueux. Ajoutons à cela Bako à l’harmonica (Pascal Mikaelian), Guillaume Destarac à la batterie, Christophe Garreau à la basse et on a vraiment là tous les ingrédients pour un breuvage bénit. Quand Dale Blade chante Thank You Lord, je lui donne raison. Facile de résumer cette prestation : du bonheur !
Après cela, difficile de suivre sur scène. De plus, on annonce un concert solo acoustique. C’est mal connaître l’artiste suivant. Gilet de costard à fleur de peau, bandana dans les cheveux, mais que va nous jouer le Britannique ? Du Blues ! Tant mieux, on est là pour ça. Faut dire qu’il est capable de jouer dans des registres bien différents. On a eu une version bien personnelle de House Rent Blues qui s’enchaîne avec One Bourbon, One Scotch, One beer. Un peu de politique avec Eagle Vulture, sans oublier Hard time, Come On In My Kitchen, Pony Blues. Puis vient une magnifique ballade My Flame, extrait de son dernier album.
On a eu droit à une très belle prestation de Ian Siegal. Du plaisir.
Pour clôturer le festival, un groupe assez détonant. Deux sœurs et un frère qui font le show en changeant régulièrement de place entre la batterie, la guitare, le clavier et le chant.
Il faut ajouter à cela le père multi-instrumentiste, un bassiste et un invité à la trompette. Kitty, Daisy & Lewis mettent le feu au chapiteau. Je ne pense pas revoir ce groupe sur un festival de Blues en France, mais c’est vraiment à découvrir. Un vrai mélange de styles : du Rhythm & Blues, du Ska, de la Country, du Rock'n Roll, du Rockabilly, avec une touche de Swing et de Folk. On a pu aussi entendre une des filles jouer de l’harmonica sur Going Up The Country. Le look interpelle. Rien n’est laissé au hasard. Des jeunes Anglais talentueux, avec un bel avenir devant eux.
On a eu le droit à une très belle édition du Duvel Blues Festival.
Du bon Blues, de bonnes bières*. Que demander de mieux ?
Vivement l’année prochaine.
(* à consommer avec modération)