Texte et photos © Jérôme Tournay
Il est désormais acquis que l’évènement Blues du mois de Mai en région parisienne est le Festival Blues sur Suresnes qui, pendant 2 semaines, étalent sur le bord de la Seine des évènements culturels tous plus intéressants les uns que les autres.
Texte et photos © Jérôme Tournay
Plus encore, c’est l’aspect Blues sous toutes ses formes d’expressions qui nous touche lors de ce festival, et nous transporte de concerts, en conférence et d’expositions, en compte. Une vision du Blues dans sa pluralité, comme on l’aime.
Du 16 au 27 mai dernier, la ville de Suresnes, dans les Hauts de Seine, a donné de la voix pour porter le Blues tout au long de ses jours de festival. Les lieux de la ville se sont parés des plus belles couleurs que notre style musical favori sait développer. À commencer par l’exposition de Sylvie Bosc à la bibliothèque de la ville, intitulée Mississippi Terre de Blues, réalisée au fil de 3 ans de voyages entre la Louisiane, le Mississippi et le Tennessee. Une fenêtre ouverte vers la réalité actuelle des lieux qui ont vu naître le Blues. Le vernissage de cette exposition à Suresnes, comme 1er évènement du festival, est également une occasion de visionner les documentaires réalisés par Etienne Mortini, En Terre de Blues volume 1 et 2. S’ensuit un Off avec des évènements live dans les restaurants et lieux de la ville. Tout d’abord, le stage d’harmonica porté par Lionel Da Silva, qui distille un peu de culture historique et musicale, entremêlée avec les techniques de l’harmonica accessible à tous. Avant de se produire avec le duo L.D. comme 1er live de cette série de concerts organisés par le festival. Plus tard dans la soirée, c’est Jerry T & the Black Alligators que nous pouvons retrouver dans un autre lieu de la ville. À noter la présence du Bluesman Freddy Miller, habitué du festival, puisqu’il faisait partie de la programmation l’année précédente. Il s’est d’ailleurs prêté joyeusement à quelques jam sur scène avec les musiciens, lors de ces 1ers évènements.
Le début de la semaine suivante a vu se succéder de nouveaux événements culturels dans plusieurs endroits de la ville. Dès le mardi soir, la médiathèque de Suresnes accueillait le fabuleux et engagé compte musical Mémoire d’Esclave de Gladys Amoros, interprété musicalement par Michel Foizon et Philippe Charlot. Mercredi, la librairie du Point de Côté, endroit central dans la vie de la ville de Suresnes, accueillait quant à elle la conférence de notre confrère du Magazine Soul Bag, Christophe Mourot. Maiîre de conférence au sujet si essentiel pour le Blues : les raisons des grandes migrations (et en particulier Du Mississippi à Chicago) qui ont permis le développement culturel et musical du Blues. Le jeudi 24 mai est l’occasion de l’ouverture de la salle de fêtes et, en prémices au 1er concert majeur de ce festival, nous prenons le temps de savourer la double exposition photo d’Alain Hiot, consacrée d’une part aux artistes de Blues sur scène partout en France, et d’autres part à une rétrospective des concerts ayant eu lieu sur l’édition 2017 du festival Blues sur Suresnes.
Nous sommes finalement partis pour les soirées majeures de ce festival qui verront défiler sur la grande scène 8 groupes répartis sur 3 soirs. Et croyez-nous, cette année encore, la programmation était de qualité pour ce festival qui s’étoffe d’année en année.
Jeudi soir, le festival accueillait sur scène le Fred Cruveillier Blues Band, dans un format power trio pêchu. Les gagnants du challenge Français qui vont partir représenter la France à Memphis pour l’IBC 2019 nous surprennent par leurs arrangements et interprétations originales. La suite de la soirée est tenue de main de maître par Rolland Tchakounté, pour un répertoire oscillant entre Blues classiques et influences traditionnelles africaines. Les grooves et les sonorités colorées de ce live qui clos la 1ère soirée ont touché en plein cœur le public.
Le vendredi 25, 3 groupes offraient le meilleur pour cette soirée. Karim Albert Kook, artiste de talent, guitariste et chanteur en quartet pour l’occasion nous a donné un show très chaleureux et coloré. Mixant les influences d’Afrique du Nord et du Maghreb aux sons british que nous aimons, c’est un festival de percussions et de notes pleines de feeling qui a séduit le public. La soirée changeait d’ambiance avec l’arrivée sur scène du groupe anglais, The Big Sets, quintet véloce aux inspirations Rock’n Roll, voire Surf Rock dans certains solo. Leur pêche unique, leur verve et leur léger penchant pour les bières locales fait le travail d’une manière saisissante. Main event de la soirée, c’est au tour de la Diva du Mississippi de s’avancer sur la scène. JJ Thames a clairement envoyé cette soirée dans les astres du Blues. Avec son authenticité, son charisme et son talent, elle a enchanté le public. Accompagnée par 4 compères francophones, le groupe a hissé ce show dans les strates du Blues et de la Soul, avec des interprétations de compositions issues de son dernier album Raw Blues, ainsi que des reprises de hauts vols de grands classiques qui ont tiré quelques larmes au public venu nombreux.
Samedi 26 mai, déjà le dernier jour de festival. Un jour évènement parmi les plus rempli au niveau de l’organisation. La journée a démarré par le spectacle pour enfants Toupie Blues, raconté et animé par Corrine Mayco, chanté et joué par Jeff Toto Blues, et accompagné à la contrebasse par Eric Courier. Ce spectacle retrace l’histoire d’un jeune afro américain du nom de Toupie, initié au Blues par un maître du genre Harmonica Slim, et qui ira jusqu’à Chicago pour vivre de sa musique. Au même titre que toutes les animations précédemment citées, ce spectacle pour enfant à reçu un accueil très chaleureux du public, prouvant que les initiatives culturelles sont les bienvenus en contours des programmations live lors des festivals. Blues sur Suresnes cette année aura également reçu l’Assemblée Générale de l’Association Nationale France Blues qui s’est tenue au cours de l’après-midi du samedi. Nous voici de retour devant la grande scène pour l’évènement final de ce festival, avec Ronan One Man Band en ouverture. En solo, guitare, chant, percussions, Ronan allume le feu de cette soirée entièrement constituée de jeunes talents de la scène Blues française. S’ensuivit le duo Vicious Steel avec Cyril Maguy à la guitare et au chant et Antoine Delavaud à la batterie. On reconnaît bien la puissance et le mordant des riffs de leurs compositions, et la bonne ambiance qu’ils arrivent à installer. Mention spéciale en guise de show, Cyril a construit à la main un Lap Steel sur une carrosserie de tracteur, donnant une présence incroyable sur scène aux quelques morceaux interprétés sur ces Open Tuning. Cotton Belly’s viendront clôturer la soirée, en guise de clou du spectacle du festival entier, pour un show toujours aussi énergique et prenant. Du très bon Blues, de l’harmonica de talent et du chant puissant pour Yann Malek, une guitare de haut niveau avec Mick Ravassat, la batterie ciselée à la touche féminine d’Aurélie Simmenel, et Christophe Etienne avec sa basse, toujours aussi pleine de bonne humeur. De quoi terminer le festival en beauté.
Behgam Kazemzadegan et son équipe de bénévoles investis, nous ont concocté une belle programmation et une superbe édition 2018 pour le Festival Blues sur Suresnes. Le rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2019 avec, on l’espère, un programme au moins aussi riche que celui de cette année ! Bravo Blues sur Suresnes.