Texte et photos © Éric Matelski
When the Blues stop the trafic ! - Part 1
Il y a des festivals que l’on attend avec impatience. On fait une grande croix sur l’agenda dès la fin pour l’année suivante. Ceci pour la programmation avant tout, mais aussi pour l’ambiance, la convivialité, sans oublier le service, la restauration et les breuvages proposés, chose à ne pas négliger pour la population d’amateurs de Blues que nous sommes.
Ici, au Swing Blues de Wespelaar, au point de vue de la musique et de l'accueil, quand on y a gouté, on y revient. Pour manger, cinq propositions différentes, pour s’abreuver du soft et plusieurs bières à la pression sur 3 bars, ceci évite trop de files d’attente. Pour éviter les soucis, la scène est assez haute pour voir de loin. Il y a une zone réservée pour la presse juste devant, mais surtout, une partie de la fosse est réservée pour les chaises, une partie pour le public debout. De ce fait, pas de problème de cohabitation, chacun son côté. L’entrée du festival est gratuite, de ce fait, on n’y voit pas que des fanas de Blues, cela amène de la découverte pour tous, car il y a toujours quelque chose à dénicher, pour nous Français, par la présence d’artistes Belges ou Hollandais, voire des exclusivités.
Le festival a commencé vendredi soir avec trois artistes, mais je n’ai pu m’y rendre alors, voici les échos : un bon groupe belge de Blues pur, mais de compositions : Black Cat Biscuit. Puis, en remplacement de Jimmy Johnson souffrant, c’est la guitariste chanteuse Melody Angel qui a été invitée, une Hendrixiène ! Pour terminer, Ten Years After.
On est samedi, il est 13 h 30. Les premières notes résonnent. C’est Hoodoo Monks, un trio hollandais qui s'y colle pour une heure. Pas simple d’ouvrir, mais ils le font avec brio ! C’est l’harmoniciste-chanteur Erik Van Tilburg qui tient le groupe par son jeu et sa présence. Le batteur, au premier plan de la scène, assure un max. Dommage, le guitariste est trop en retrait à mon sens. Le répertoire est fait de standards de Howlin’ Wolf, Bo Diddley, Muddy Waters…
Comme chaque année, le festival présente sur scène le gagnant de l’European Blues Challenge (EBC). C’est donc le groupe Néerlandais The Ragtime Rumours qui se présente à nous. Ces jeunes revisitent, à leur façon, le Ragtime, ils appellent cela le Rag’n Roll, un mélange de Manouche et de Blues ancien, teinté de Rock. J’étais sceptique lors de ma préparation sur ce que j’avais pu connaître d’eux. Erreur, car cela a vraiment été un réel plaisir de les écouter ! Quatre musiciens, dont deux multiinstrumentistes et trois qui se collent au chant. La touche du guitariste Thimo Gijezen est géniale. On le retrouve aussi au piano droit, ainsi qu’à la contrebasse sur une chanson. Ce qui a attiré encore plus mon attention, c’est la voix de Niki Van der Schuren, qui assure aussi la contrebasse, la flûte et le sax baryton. Une très belle découverte !
Du Chicago Blues maintenant avec Matthew Skoller. Est-ce la peine de le présenter ? Pas de surprise, sauf peut-être qu’il est en tournée, en son nom, avec le Blues Immigrant Tour. Ce dernier album est un bijou. Une grande prestation d’un des meilleurs harmonicistes de la Windy City, un des plus innovants dans sa catégorie. Sur une magnifique Delaney Guitars, Tom Holland assure un max. Ce guitariste gaucher a un phrasé et une touche qui interpelle notre passion. Pour maintenir le rythme à la batterie, le Frenchie Pascal Delmas, puis à la basse Philippe Scemama.
Une belle artiste anglaise, dotée d’une voix rugueuse, monte sur les planches pour la seule date hors UK de l’été. Il s’agit d’Elles Bailey. Du NuBlues, du Pop Rock anglais inspiré par le Blues, difficile à classer. Elle cite dans ses influences Howlin' Wolf et Willie Dixon. Elle est accompagnée d’un quatuor d’excellents jeunes musiciens anglais, Joe Wikins à la guitare, Zak Ranyard à la basse et Jonny Henderson à l’orgue B3. Mais, Elles Bailey ne fait pas que chanter avec sa belle voix atypique, elle joue aussi du clavier, sans parler d’un sens naturel de tenir la scène, qui lui permet de conquérir le public. Un bon show ! J’ai adoré la balade What If ! Vidéo à découvrir sur Internet.
Guitar Slim JR est attendu, car c’est sa première prestation en Europe. Ce joueur de club de La Nouvelle-Orléans est un vrai showman, avec des envolées guitaristique brillantes, comme son look travaillé fait de paillettes. À noter, une imitation de Stevie Wonder qui a bien fait sourire. Son registre est adapté au public européen. On peut surement le regretter. On y retrouve du BB King, du Little Richard et, bien entendu, 2 titres de Steve Ray Vaughan. Son interprétation de The sky Is Cryin reflète, avec émotion, le vide de son ami défunt. Outre son manager à la guitare, il est accompagné d’un trio belge bien connu des amateurs, René Stock à la basse, Steve Dynamite Wouters à la batterie et le remarqué Niels Verheest à l’orgue.
L’Israélien Guy King a une classe naturelle. Il dégage quelque chose qui fait que l’on a envie de l’écouter ! Ce monsieur vient du Jazz. Cela se retrouve d’ailleurs dans son phrasé guitare et ça amène une touche particulière dans son interprétation du Blues, lié du fait qu’il a grandi dans le Chicago Blues, accompagnant Willie Kent. Ce guitariste est remarquable. Je le pense capable de jouer tous styles avec feeling. Il rend un hommage à Aretha Franklin récemment décédée en jouant See-Saw. Il est accompagné d’une section cuivres (sax, trompette) et de notre trio français remarquable : Bessouat, Escalier, Le Goff (sans ses belles chaussures). Vraiment un grand show, très bluesy dans l’âme.
Pour terminer la journée, The Temperance Movement. Ce groupe de Rock’n Roll anglais a quelque chose qui va les mener loin. Le chanteur Phil Campbell est une étoile filante insaisissable. Les quatre garçons avec lui ont une énergie à élever le leader au firmament. Les deux guitaristes se complètent magnifiquement. Vraiment une belle découverte pour ma part. Au plus près possible, Elles Bailey montre son intérêt pour ce groupe qui a fait la première partie des Rolling Stones. En rappel, une première selon un fan du groupe, un Boogie endiablé avec Phil Campbell à l’harmonica. Pas une performance, mais c’est juste et c'est bon. Un clin d’œil aux festivaliers aimant le Blues.
(* à consommer avec modération)