Texte et photos © Éric Matelski
Depuis sa prestation sur la scène du Swing Blues de WESPELAAR en 2017, je rêve de le revoir. J’ai bien crié sur les toits : cet homme est à voir absolument si on aime le Blues. Je ne suis pas le seul à l’avoir fait. Alors pour son premier concert en France, il me devait d’y être.
C’est une première aussi pour moi, me voilà à l’Odéon de Tremblay en France. Je retrouve un ami, le M.C. de la soirée Michel Remond.
Avec plaisir, je vais retrouver d’autres amis qui se sont déplacés pour voir ce Monsieur.
Oui, première venue de Chris Cain chez nous. Incompréhensible !
Cette découverte, née en 1955, a pourtant une carrière que bien des musiciens aimeraient avoir ! Son père afro-américain était chauffeur de camion. Il était passionné de musique. Il avait la plus grande collection de disques du quartier. Dès l’âge de 3 ans, il emmène son fils à des concerts : BB King, Johnny Otis, Albert King, etc… Sa mère, d’origine grecque, lui fait connaître Mike Bloomfield.
À 8 ans, Chris reçoit sa première guitare. À 18 ans, il est musicien professionnel dans des clubs. Il poursuit ses études musicales, il apprend le Jazz, le piano, le saxophone, la clarinette, la guitare basse. Il joue avec Albert King, part en tournée avec le band d’Albert Collins pour 3 mois, etc… Son premier album, Last Night City Blues (1987), a été nominé pour quatre W.C. Handy Awards. Dans les années qui suivent, il remplit les salles dans sa région de San Francisco, mais aussi à Memphis, Philadelphie, New York. Il va venir en tournée en Belgique, en Norvège puis en Suisse. Plus récemment, il tourne en Italie et en Belgique en 2017. Sa discographie compte 14 albums, dont un avec Roben Ford.
Parlons du présent. Avec Walter Cerasani à la basse, Laurenzo Poliandri à la batterie, on a une section rythmique italienne qui vous transporte. Il faut ajouter à cela un excellent nouveau clavier tchèque Jan Korinek. Cerise sur le gâteau, le chef d’orchestre Luca Giordano. Ce guitariste italien (donc pas le peintre), vivant à Chicago, a un excellent feeling. Il accompagne également bien des artistes de Blues (en ce moment Mighty Mo Rodgers). Après avoir chauffé la salle, il nous demande d’accueillir Chris Cain. Cet homme tranquille de 63 ans est un incroyable guitariste. On retrouve dans son phrasé guitare ses guides : BB King, Albert King, Freddie King, avec une touche d’Albert Collins. Sans parler d’une voix baryton, à la fois chaude et parlante.
Au cours du concert, il va nous jouer une version de Worried Dream (BB King 1967) d’environ 12 minutes. En fermant les yeux, on voyage…
Cet homme nous touche par la finesse de son jeu et du chant. Il joue sans fioriture, avec un feeling communicatif. Il nous transporte au firmament.
Le show passe très vite !
Premier rappel, Chris Cain nous revient pour un duo aux claviers, avec une reprise très touchante de Ray Charles. Il démontre aussi sa maîtrise du piano.
La salle en redemande, il revient seul à la guitare pour un deuxième rappel sur I'm Going Through a Love Detox.
Nous avons vraiment vu un King ce soir.
Ne vous en faites pas, Chris Cain sera de retour dans l’Hexagone pour quelques dates début novembre 2019.
Il faut aussi parler de la première partie de la soirée. Michel Remond nous a surpris par le choix d’un registre totalement différent. Un choix gagnant !
C’est le groupe Lyonnais Automatic City qui s'y colle. Une belle découverte pour ma part. Un mélange de Blues, de Pop, avec une touche british de l’époque Blues Punk, sans oublier une pointe d’Amérique du Sud.
C’est le chanteur-guitariste Eric Duperray qui monte seul sur scène pour ouvrir la danse. Il s’accompagne de sa guitare sèche. Il est rejoint ensuite par Raphaël Vallade à la contrebasse, Zaza Desiderio à la batterie, et Emmanuel Mercier à la guitare électrique. Le deuxième titre commence par une introduction de percussions au bongo. Zaza Desidario amène une touche brésilienne par les percussions. Par ce fait, il donne une identité supplémentaire à la formation. En avant-première un extrait de leur nouveau troisième album Triple Ripple : Shrinking Up Fast. Puis, on enchaîne sur le premier album par She's Alright. Un set de 8 titres se terminant par Gas O Line, une autre nouveauté.
Le côté psychédélique est l’œuvre du maître des machines, Emmanuel Mercier. Outre les différents effets sons sur sa guitare, il manipule des engins peu visibles dans le domaine du Blues, comme le stylophone, le thérémine (espèce de harpe électronique sans corde), mais aussi la boîte à rythmes. Le chanteur aime aussi commander des effets sur sa voix.
Un groupe détonant, brassant les styles pour vous enivrer. À voir !
Le troisième album est sorti officiellement le 26 avril avec une pochette qui attire l’œil.