Par Jean-Paul Rota
Alors qu’il avait fallu attendre 14 longues années depuis 2010 pour revoir Eric Clapton en concert en France, celui-ci nous a fait l’inestimable plaisir, après sa tournée de 4 dates dans l’Hexagone en 2024, de revenir s’y produire en 2025. Avec une tournée commencée au Japon par 4 soirées au célèbre Budokan de Tokyo (salle où il s’est produit 110 fois dans sa carrière !), poursuivie en Angleterre avec 3 passages entre autres au magnifique Royal Albert Hall, EC débarque en France après 2 soirs à Milan, se limitant cette fois à un set à Paris et un autre à Nice, avant de finir par 6 dates aux États-Unis en septembre.
Après une excellente (mais trop courte) première partie assurée par Andy Fairweather Low and The Low Riders, bien dans le ton de la soirée, place au band du guitar hero, identique à celui de l’année passée, composé des choristes Sharon White et Katie Kissoon (dont il faut souligner l’apport considérable à la qualité des interprétations), les très fidèles Chris Stainton aux claviers et Nathan East à la basse, le collaborateur de longue date Doyle Bramhall II en seconde guitare et rythmique, Tim Carmon à l’orgue Hammond et claviers, et enfin l’explosif Sonny Emory à la batterie.
Comme à son habitude et afin de satisfaire toutes les franges de son large public, la setlist se répartit entre standards du Blues magnifiquement arrangés et interprétés (Key to The Highway, Hoochie Cookie Man, Kind Hearted Woman, Crossroads, Nobody Knows You When You’re Down and Out, Little Queen of Spades), titres de Cream (White Room, Badge, Sunshine of Your Love), ceux issus de son propre répertoire (Golden Ring, l’incontournable Tears in Heaven), l’inévitable Cocaïne de JJ Cale...
Que dire de la prestation du maître ? L’Homme est à la hauteur de sa Légende, il parvient à sublimer ses titres joués des centaines de fois, et ceux proposés en acoustique, assis au milieu du concert, donnent lieu à une écoute quasi mystique. Techniquement, il n’a plus rien à prouver, et si les soli (comme sur Old Love) sont toujours aussi impressionnants, son seul but est de faire profiter, le public et ses musiciens, à qui il laisse un large champ d’expression. Doyle Bramhall II, en sideman virtuose, peut se permettre de répondre à EC, et cette alternance rehausse encore la qualité des morceaux, Chris Stainton se permet des envolées typées Jazz très appréciées, celles de Tim Carmon à l’orgue Hammond se teintent de Funk, Nathan East métronomique assure même le chant sur Can’t Find My Way Home. Sonny Emory, dont certains avaient douté de la compatibilité avec ce type de musique, en viendrait à faire oublier le légendaire Steve Gadd.
Après une vie longtemps mouvementée est venu le temps de la plénitude. Eric Clapton se permet de réarranger ses introductions et ses soli, tout est fait pour l’agrément auditif, calme et volupté alternent avec puissance et flamboyance avec le Blues comme fil conducteur, la Classe de ce costume écru et de l’attitude.
En ce soir du 31 mai, le triomphe n’a pas eu cours que sur un rectangle vert (EC s’est renseigné sur l’évolution du score auprès des premiers rangs), la standing ovation fut plus que méritée. Puissent les tournées vous maintenir encore longtemps en forme, Monsieur Clapton, vous portez superbement vos 80 printemps, et ce sera toujours un immense plaisir de vous revoir.
Merci pour les 4 écrans frontaux permettant de suivre les musiciens et les choristes en alternance, et pour le son punchy sans être agressif.
Pour information, le concert du 18 Mai 2025 à Nottingham, avec sensiblement la même setlist, est disponible sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=v1IJDPQrf6s