DU BRUIT DANS LE BOURG
Texte et photos : Alain Hiot.
En ce dimanche 8 juin, c’était ma toute première visite au festival Du Bruit Dans Le Bourg, à Bourg-l’Évêque dans le département du Maine-et-Loire, le calendrier n’étant pas favorable pour moi lors des trois éditions précédentes. Ceci étant il ne m’était pas inconnu puisque je côtoie son responsable, Thierry Member, chaque année entre-autres lors du festival Bain de Blues, et j’y ai également retrouvé bon nombre de festivaliers que je rencontre régulièrement.
Pour ouvrir cet après-midi de musique, c’est une formation atypique et totalement inclassable qui a mis des fourmis dans tous les pieds, Des Lions Pour Des Lions. Dans sa composition déjà, le groupe se distingue avec une grosse caisse de fanfare, une guitare à résonnateur, une basse et un saxophone, ces deux derniers se partageant le chant. Musicalement on se balade du Jazz au Rock, en passant par du Punk, le tout sur fond très psyché, de quoi déconcerter les puristes ce qui n’est pas pour me déplaire ! Voilà une ouverture que l’on n’attendait sans doute pas, mais qui a embarqué tout le monde dans cet univers si particulier. Formidables Lions qui ne sont pas rentrés dans le moule, et sont restés bien sauvages pour notre plus grand plaisir !
Des Lions Pour Des Lions
Pour Mo’ Fab & Sticky Howlin qui ont pris possession de la scène, il est beaucoup plus simple de les placer dans un registre précis en les estampillant Pur Blues. C’est d’ailleurs vers le Texas que le duo va nous emmener pour débuter ce set, mais nous irons également nous balader du côté de Chicago et, bien entendu, nous irons visiter le Mississippi. La maîtrise de ces deux musiciens est totale, que ce soit au niveau de la guitare et de la voix de Sticky Howlin, que de l’harmonica de Mo’ Fab, et le public a fortement apprécié le style.
Mo' Fab & Sticky Howlin
Mais nous allons très vite repartir vers des contrées lointaines, avec le duo Tchologo et leur superbe métissage entre la tradition Ivoirienne et le Blues. Jean-Louis Livenais, plutôt issu du Rock et même du Punk Rock, à la guitare et au chant, emmène remarquablement Lassina Coulibaly aux percussions et au chant, dans un répertoire décliné en langue Sénoufo du nord de la côte d’Ivoire. Lassina officie sur un drôle d’instrument, le Boloye, une calebasse munie d’une peau de biche qui offre des sons très particuliers. Un voyage ethnique de toute beauté qui nous prouve une fois de plus que le métissage est une formidable richesse !
Tchologo
Difficile pour moi d’être très objectif avec les Shaggy Dogs, puisque c’est l’un de mes groupes favoris, tant musicalement qu’humainement. Ce qui est certain en revanche, c’est que Pascal, aka Red, est une véritable bête de scène, qui a de nouveau réussi à faire venir le public devant les planches ! Il faut dire que le répertoire et leur style Fiesta Blues & Roll, a de quoi faire bouger les jambes les plus rebelles ! Avec à présent l’apport de deux cuivres, les Shaggy Dogs étoffent encore un peu plus leurs possibilités musicales, et c’est tant mieux pour nous. Et tant pis pour ceux qui considèrent qu’ils sont trop Blues traditionnel, et qui, de toute évidence, ne les ont jamais ni vus ni entendus, ou peut-être ont-ils besoin d’une sérieuse révision de leur audition !
Shaggy Dogs
Voici un festival qui a donc vraiment tout pour plaire ! Un accueil au top, une large scène amovible comme on aimerait en voir sur toutes les manifestations en extérieur, une programmation très ouverte qui donne la parole à des styles diversifiés et que l’on n’a pas l’habitude d’entendre sur des festival estampillés Blues ; il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que les subventions en baisse sur tous les fronts ne plombent pas ce superbe Du Bruit Dans Le Bourg. Bravo et merci à Thierry et tous les bénévoles pour ce pur moment de plaisir !