Photos et propos recueillis par Didier Fouquesolle
Après s’être croisé plusieurs fois sur la route des festivals et la sortie du 1er album Voodoo Queen (BM N° 94), il était temps de mieux faire connaissance avec ce duo si singulier.
Blues Magazine > Pouvez-vous vous présenter ?
Greg > Nous formons un duo atypique de Dirty Blues avec de Greg en one man band guitare, batterie au pied, au chant, harmonica et Léa à la washboard ou ruban Zydeco et aux claquettes acrobatiques. Nous préférons le terme de Rytnm’n foot car nous les intégrons à notre musique plus comme un instrument de percutions que pour le côté danse utilisé traditionnellement.
BM > Quel(s) enseignement(s) artistique et musical avez-vous suivi ?
Léa > J’ai découvert le cirque à 16 ans en Argentine et ça a été une révélation, la naissance d’une vocation. J’ai suivi là-bas, pendant 1 an, une formation pluridisciplinaire avec trapèze, danse, équilibres sur les mains, du théâtre… J’ai rapidement commencé à me produire en public, d’abord dans la rue puis sur scènes. Passionnée j’alterne formations et représentations en Espagne, en France et au Mexique. Je ne découvre les claquettes que bien plus tard, et après quelques conseils d’un ami, quelques cours et tuto YouTube, je me lance dans la musique avec Greg.
Greg > J’ai commencé la guitare en autodidacte à 12 ans et j'ai joué dans plusieurs groupes de Rock au lycée. Ensuite, j’ai fait une école d’ingénieur du son spécialisée dans les techniques d’enregistrement studio. En sortant, j’ai travaillé à Genève pendant 6 ans comme technicien son dans une salle de spectacle, sonorisant entre autre des artiste comme Chuck Berry, Madeleine Peyroux, Popa Chubby. J’ai ensuite monté avec un ami un studio d’enregistrement (Paradox Record), où nous avons, en 5 ans, enregistré et mixé plus de 50 groupes tous styles confondus. En parallèle, j’ai continué la guitare et le chant dans plusieurs groupes de Rock (Spit of Fire, Kota).
BM > Avez-vous vécu dans un univers familial artistique ? Qu’est ce qui vous à poussé dans cette voie ?
Greg > Mon père est musicien, il joue de la batterie et un peu de guitare. C’est lui qui m'a montré les premiers accords. Tout jeune, j’ai était bercé par la musique de Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Buddy Guy, Muddy Waters et bien d’autres. J’allais souvent voir mon paternel en concert et aux répétitions, ça m’a donné envie de jouer de la musique et de monter sur scène.
Léa > Je ne le voyais pas beaucoup, mais mon père était illustrateur et musicien, ce qui m’a surement beaucoup inspirée au niveau artistique. J’ai toujours beaucoup dessiné, lu et aimé l’art en général et la musique en particulier. J’adorais faire de la percu corporelle ou jouer un peu de guitare pour m’amuser. La voie artistique m’a paru la plus naturelle à suivre.
BM > De qui et comment est venue cette idée de former ce duo atypique mêlant one man band et jeu de claquettes acrobatiques ?
Léa > Le groupe s’est formé un peu par hasard, par nécessité mais surtout par l’envie de monter un projet ensemble ! Nous avons tracé une diagonale entre l’Andalousie (où je vivais à l’époque) et Genève (où habitait Greg), au milieu Toulouse, réputée pour sa vie festive et artistique, nous y avons posé nos valises. Le problème c’est qu’on ne trouvait pas de travail, Greg jouait dans des groupes de jam le week-end et en parallèle commençait a monter un projet de one man band. Au bout d’un mois de répètes acharnées et de lutte entre cerveau droit et cerveau gauche, il décide d’aller dans la rue tester ce projet musical et de se faire un peu d’argent par la même occasion. Cela faisait un moment que l’idée nous titiller de monter un truc à deux, mais sans idées précises, à ce moment je commençais les claquettes et l’idée nous est venue d’assembler nos disciplines. Cela a marché tout de suite. Dans la rue, on s’est vite retrouvés avec plusieurs dizaines de personnes qui s’arrétaient pour nous regarder jouer, et très vite des propositions pour jouer sur scènes sont arrivées.
BM > Greg, fabriques-tu toi-même tes CBG, et d’où l’idée du vieux téléphone pour micro ?
Greg > Oui j’ai fabriqué moi-même ma guitare cigar box et ma guitare radiateur. C’est chez mon père que j’ai vu pour la 1ère fois une guitare cigar box. J’ai essayé ce petit instrument construit avec une boîte de cigares et j'ai trouvé ça super instinctif. J’ai tout de suite eu l’idée de l’amplifier pour la passer dans un ampli avec de la disto. Mon père m’a appris à en fabriquer et voilà, depuis je tourne avec. La guitare radiateur c’est juste que j’avais récupérer ce vieux chauffage à la décharge, j’avais du temps, un manche inutilisable de vielle guitare, j’ai combiné tout ça pour en faire un instrument. Pour le micro, je recherchais un son de voix un peu crade, comme dans ces vieux enregistrements des années 50. J’ai construit des micros dans des boîtes de conserve ou essayé des disto sur des sm58, mais rien ne me convenait. Puis un jour, dans le grenier d’une amie, j’ai flashé sur un de ces vieux téléphones des années 70. Je l’ai branché sur un ampli guitare et là, magique, exactement le son que je recherchais.
BM > Comment êtes-vous tombés dans le Blues ?
Greg > En glissant sur le Rock.
BM > Quels sont les musiciens, les groupes, les styles sources d’inspirations ?
Greg > Nos plus grosses sources d’inspiration sont Jimi Hendrix, White Stripes, Led Zeppelin, The Who, les deux premiers albums des Black Keys, Dirty Deep, Seasick Steve, les plus vieux comme Robert Johnson, Muddy Waters, Howlin' Wolf… Mais on s’inspire aussi de groupes moins connus et locaux, ainsi que de spectacles comme le show des Stomp, ou l’univers de James Thierret.
BM > Comment se passe la phase d’écriture de vos morceaux ?
Greg > Cela dépend, généralement on jam ensemble et des morceaux émergent. Parfois, il nous arrive aussi d’avoir des bases de morceaux et de les construire ensemble en impro. D’autres fois, je viens avec une structure déjà toute faite. Pour les paroles, on les écrit à deux ou chacun de son coté... Il n’y a pas de recette magique, chaque morceau a son histoire.
BM > Quels sont les sujets abordés par vos textes ?
Greg > On parle de nos expériences de vie, des choses qui nous touchent de vécues et de ressenties, que dire… du Blues dans un verre de Rock !
BM > Vous semblez mêler univers surnaturel dans vos compositions, êtes-vous fan du genre ?
Greg > Un univers surnaturel, pas vraiment, mais le Blues nous semble–t-il y est intimement lié, tout a commencé à un croisement de chemin avec le diable, n’est-ce pas ? C’est vrai que nous aimons bien employer des métaphores dans nos textes, mais si nous faisons référence à des êtres fantastiques comme le diable, ils représentent des peurs, des addictions.
BM > Participez-vous à d’autres projets artistiques en parallèle ?
Greg > Non, pour le moment One Rusty Band nous prend tout notre temps.
BM > Si vous avez quelques choses à ajouter, je vous laisse le choix de la conclusion, un mot aux lecteurs…
Greg > Keep on bluesing à tout bientôt à la croisé des chemins, Rock’n Roux, Tap ‘n Roll !
BM > Merci à vous d’avoir pris le temps de lever un coin du voile qui vous entoure.