Nina Attal pour Electric Ladyland
Préparée et réalisée par Alain Hiot
Photos © Alain Hiot

Le groupe hommage à Jimi Hendrix, Electric Ladyland, exclusivement féminin, se produisait dans le cadre du festival Blues sur Seine, l’occasion de poser quelques questions à Nina Attal pour en savoir un peu plus sur ce concept original.

 

Blues Magazine> Nina tu es à l’origine du projet initié par Laurent Macimba. Lorsqu'il t’a proposé de reprendre du Hendrix, mais exclusivement au féminin tu as pensé quoi ? Génial ? Pourquoi pas ? Il est fou ?
Nina Attal> Je me suis dit génial, mais il va y avoir du boulot ! (rires), car ça faisait des années que je n’avais pas bossé ça et cela m’a de suite replongée dans mes souvenirs d’adolescente. Ce qui était bien, c’est qu’il m’a laissé carte blanche pour monter l’équipe et le répertoire. Du coup, j’ai appelé des amies musiciennes qui ont déjà la culture et le langage Blues-Rock, car Hendrix est déjà tellement complexe et technique qu’il fallait pouvoir y entrer rapidement et prendre du plaisir à jouer et à improviser dessus. J’ai donc fait appel à Antonella Mazza à la basse, Swanny Elzingre à la batterie, Léa Worms aux claviers et au choeurs et moi à la guitare et au chant. Mais l’idée de ce projet c’est aussi d’avoir une ou deux invitées, différentes à chaque fois,un peu à la façon d’un collectif, comme Jessie Lee Houllier, Lena Woods ou Gaëlle Buswel.

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Nina Attal


BM> Quelle a été ta motivation première ? Relever un challenge inédit ? Sachant qu’on allait bien entendu vous attendre au tournant du côté des afficionados de Jimi ?
NA> Oui complètement ! J’adore ce genre de challenge, et techniquement c’était aussi l’opportunité de progresser et de ne pas se reposer sur ses lauriers, de sortir de nos propres projets. Et je souligne toujours le côté hommage et non pas Tribute car notre volonté c’est de ne pas partir dans des choses du style Hendrix il jouait telle note, avec telle pédale, tu vois ce que je veux dire... le but étant vraiment de kiffer et de s’approprier les choses avec notre propre sensibilité. Et de toute façon Jimi ne peut pas être mieux fait que par Jimi lui-même, donc il fallait faire autre chose.

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Electric Ladyland


BM> C’est compliqué justement de rendre hommage à un tel monument en y apportant sa touche personnelle, avec par exemple l’ajout d’un clavier avec Léa ou d’une harpe électrique avec Lena ?
NA> Oui la Harpe de Lena est super importante car ça sort vraiment des sentiers battus, et je me suis penchée sur le rajout de parties de clavier là où il n’y en avait pas. On a arrangé également des parties de guitares, parfois il n’y en a qu’une, parfois deux, tout cela est donc hyper intéressant. Il y a toujours des choses à ajuster, mais c’est effectivement un sacré challenge à tous les niveaux, technique, chant, guitare ou son.

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Lena Woods


BM> Il y a donc des invitées autour du groupe de base avec toi, Antonella, Léa et Swanny. Lorsque l’une d’entre elles n’est pas disponible, comme Jessie Lee, par exemple, qui est aux States avec la tournée Brit Floyd, est-ce facile de trouver des musiciennes qui se lancent dans l’aventure, ou est-ce compliqué avec des artistes qui n’osent pas y aller ?
NA> Ce n’est pas forcément simple en terme de guitariste, mais ce gros challenge a fait que je peux assurer seule maintenant, comme ce soir, l’intégralité des parties de guitare de tous les titres, et du coup ensuite on s’adapte et ce n’est que du bonus. Il y a beaucoup de femmes musiciennes hyper talentueuses mais il va falloir creuser un peu tout de même, car il n’y a pas douze milliards de guitaristes (rires). C’est pour ça qu’on ne ferme pas la porte à d’autres instruments pour enrichir tout ça.

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Léa worms


BM> Vous êtes de jeunes artistes, avez-vous toutes grandi avec Hendrix qui a disparu il y a 53 ans bien avant votre naissance, et/ou avez-vous découvert d’autres facettes de l’artiste en dehors des titres emblématiques ?
NA> Je ne peux parler pour les autres en leur nom, mais en tant que guitariste, Hendrix est incontournable ! Personnellement, j’y suis venue via Stevie Ray Vaughan qui a toujours été mon idole absolue en terme de guitare, et c’est lui qui m’a fait découvrir Hendrix. On a toutes chacune nos propres anecdotes avec lui, mais je pense qu’il a tellement révolutionné la guitare et la musique qu’il est impossible de passer à côté. Sinon j’ai effectivement découvert d’autres facettes, surtout techniques, car il y a des choses que je ne captais pas étant plus jeune. J’ai évolué bien sûr en n’ayant plus le même niveau qu’à quinze ans, et quand tu te remets à bosser les morceaux avec un bagage supérieur à ce qu’il était, c’est là que tu découvres qu’il y a plein de subtilités que tu n’avais pas saisies avant. C’est pour ça que c’est très difficile techniquement, dans Power Of Soul par exemple il y a quelque chose comme cinq riffs différents. C’est très technique mais en même temps il faut oublier tout ce que tu connais, t’enlever les codes habituels, pour pouvoir sortir des solos dignes de Jimi. Ton cerveau doit alterner sans arrêt on/off, te laisser aller tout en étant vigilant quand tu attaques une partie hyper technique, et c’est ça que j’ai redécouvert avec sa musique.

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Swanny Elzingre


BM> Comment s’est fait le choix des titres ? C’est toi qui a géré ?
NA> Oui j’avoue que je me suis fait plaisir (rires) ! J’ai un gros faible pour l’album Axes : Bold As Love et tu vas voir tout à l’heure qu’il y a pas mal de titres issus de ce disque. L’idée c’était aussi de monter un répertoire avec, bien entendu, les incontournables, mais égalementi des titres plus méconnus du grand public.

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Electric Ladyland


BM> Vous avez toutes vos propres formations, est-ce que vous avez dû modifier vos façons de jouer, et / ou votre matériel, pour coller au mieux au style et au son Hendrix ?
NA> Oui un peu… surtout au niveau du Pedalboard, mais le but c’est aussi d’amener nos propres personnalités. Jessie et moi, par exemple, on n’a pas le même jeu et en même temps ce qui est intéressant c’est justement de se compléter, et il a fallu effectivement qu’on adapte quelques petites choses, mais c’est surtout le fait de bosser à fond qui donne ce résultat. Avec aussi des choses à mettre au point au niveau guitare-chant, car là aussi il y a des trucs très techniques à maîtriser.

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Gaëlle Buswel & Antonella Mazza


BM> Est ce que tu penses pérenniser le concept ? Car ça doit être compliqué d’être disponibles toutes en même temps ?
NA> Oui on essaie de vérifier la disponibilité de chacune quand il y a des dates à faire, pour avoir la base du projet comme ce soir avec Antonella, Swanny et Léa, et c’est justement un challenge à chaque concert pour les invitées, alors peut-être penser à une équipe B ? Mais en tout cas les gens ne verront jamais deux fois le même concert, et oui on va pérenniser ce spectacle au moins jusqu’à fin 2024.

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Le public d'Electric Ladyland


BM> Dernière question, si un festival ou une salle veut vous programmer à qui doit-il s’adresser ?
NA> Il faut s’adresser à mon booker, Christophe Spagnuolo de chez Zamora. Le contact est indiqué sur mon site Internet https://ninaattal.com/.

Il y a pas mal de temps que je n’avais pas revu Nina, et j’ai retrouvé une artiste absolument adorable et disponible qui m’a répondu avec grand plaisir, et dont le talent sur scène est éclatant. Merci Nina pour ta gentillesse.