Texte : Jean-Paul Rota, Jean-Marcel Laroy et Claude Jandin
Photos © Reynald Reyland

Le Grésiblues festival est un lieu où l’on fait plein de belles rencontres. Le quartet des Cow Comino Train fait parie de celles-ci. Nous avons demandé à ces quatre charmantes musiciennes de se présenter et de parler de leur musique, le Bluegrass…


Photo1Caroline du groupe Cow Comino Train



BM > Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Coraly > Nous sommes quatre, trois de la région lyonnaise et une Picarde. Moi je viens de Lyon. Ça fait 3 ans que je fais de l’harmonica. J’ai rencontré mes amies, qui sont devenues mon groupe, dans une jam à l’Antidote dans le vieux Lyon.
Myriam > Je suis tombée amoureuse du Bluegrass à 20 ans. J’ai d’abord pris des cours de guitare, puis je me suis mise au violon et à la mandoline. J’ai donc rencontré Caroline à cette jam et on a fondé le groupe avec Coraly et Noémie, cela doit faire 4 ans.
Noémie > Je fais de la contrebasse et je chante comme nous toutes. J’ai commencé la musique assez jeune par le Classique et le Jazz, et j’ai connu le Bluegrass à cette jam également.
Caroline > Je suis guitariste / chanteuse et je joue de la musique américaine depuis 15 ans. J’ai aussi découvert le Bluegrass à cette jam.

BM > Le Bluegrass vient du Kentucky. Pourquoi avez-vous été attirées par cette musique ?
Coraly > Il y a maintenant plein d’influences avec une population jeune qui mixe du baroque, du classique, du Jazz. On appelle ça le Newgrass, et nous on prend des chansons de ce style, mais à l’ancienne, Bill Monroe, Dolly Parton… C’est une musique authentique, qui donne la pèche, et qui est très riche. Quand j’ai découvert cette musique, j’ai trouvé que les solos et les harmonies vocales se rapprochaient du Classique et cela m’a plu. C’est en fait, pour moi, un melting pot de Country, de Gospel, de Celtique, comme pour les instruments, le banjo, la mandoline… Et notre point de rendez-vous est le Bluegrass In La Roche à La Roche-sur-Foron (74), 1ère semaine d’août. C’est un festival gratuit qui attire des groupes du monde entier. Il dure une semaine avec un stage de musique, un workshop avec une équipe de profs américaine et française. Et c’est le groupe de la tête d’affiche qui anime ces workshops comme les Rapidgrass, originaire du Colorado.

BM > Il doit y avoir des sessions de dance aussi ?
Coraly > Oui, il y a des groupes qui viennent faire du bug dancing, c’est une tradition des Appalaches, et des claquettistes. Il y a une planche à côté des musiciens et les danseurs improvisent sur la musique.

BM > Oui, dans le Blues il y a chez nous One Rusty Band. C’est un duo : Greg, guitare et chant, et Léa, tap dancing.
Caroline >
Ah oui je vois qui c’est. La fille a une robe style années 60.
Coraly > Sinon, il y a un autre groupe de filles, plus âgées que nous, les Dear John, qui font du Old Tine sur Paris.

BM > Vos instruments sont typiques du Bluegrass ?
Coraly > Non, pas l’harmo, c’est plus Country, Charlie McCoy. Il y en a très peu dans le Bluegrass. Quand Myriam m’a proposé de rentrer dans le groupe, ça a été un défi… que j’ai relevé.
Caroline > Il y a aussi une petite histoire avec le violon. Pour les Américains, les musiciens sont des violinists et nous des fidlle players. Nous on joue du fiddle, on n’a pas la même manière de jouer, on ne monte pas dans les positions, on fait beaucoup de double cordes. C’est un instrument qui devient beaucoup plus rythmique et percussif, car il n’y a pas de batterie dans le Bluegrass. Ce sont la mandoline et le violon qui jouent ce rôle-là.

BM > Le fiddle ça fait plus irlandais non ?
Caroline > Ce n’est pas la même chose, c’est du Old Time, ce ne sont pas les mêmes harmonies ni les mêmes modes, mais c’est la même manière de jouer : on joue en boucle, il n’y a pas d’improvisation, alors que le Bluegrass est fondé sur une grille où chacun va improviser.

BM > Vous faites des standards US, mais avez-vous des compos ?
Caroline > Oui, mais on commence à composer. Les reprises nous ont beaucoup aidées pour savoir ce qu’on aimait et du coup on s’y attaque. Coraly a écrit plusieurs textes et moi je compose et propose au groupe. On avance…

BM > Est-ce une volonté d’être 4 filles ?
Caroline > Oui. Au début c’est parce que nous étions entre nous, mais c’est plus simple. Par exemple, les Dear John dont on parlait sont 4 filles. Cela pose pas mal de problème au niveau des harmonies vocales, pour les tonalités, c’est une bataille pour trouver les bonnes tonalités si il y a garçons et filles. Du coup, je me suis dis, je veux mon girl band. Et dans le groupe il n’y a pas de lead vocal, on prend chacune notre tour.

BM > Pourquoi ce nom de groupe ?
Caroline > Cow pour Caroline, Comino pour Coraly, Miriam et Noémie, et Train pour le Shuffle du Bluegrass. On a essayé de trouver beaucoup de noms, on a galéré, et on s’est dit qu’on allait faire quelque chose avec nos prénoms.

BM >Avez-vous beaucoup de dates ?
Coraly > Oui, on tourne pas mal. On a commencé à jouer dans la rue, les gens adorent, les bars aussi. Puis on a fait le Summer Festival de Marseille et le mythique Bluegrass In La Roche.

BM > Vous avez chacune un métier ?
Coraly > Oui pour l’instant, nous sommes deux artisans / bijoutiers, on a une boîte très cool. Mais c’est en train de changer…
Caroline > Moi je suis professionnelle à la guitare et j’en vis.

Photo2Cow Comino Train en concert au magnifique kiosque de Bernin