Interview préparée et réalisée par André Perronnet et Sébastien Petitperrin
Photos © Evelyne Balliner

À l’occasion de son Festival Blues de Traverse en novembre 2023, la salle Normande à Cléon nous a permis de rencontrer DNVR, groupe vainqueur du tremplin des découvertes de son édition 2022. Nous avons parlé de leur parcours et de ce que leur a apporté cette consécration.


DNVR 3 La Traverse web

Blues Magazine > Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
DNVR > Salut, on est le groupe DNVR, nous sommes Ébroïciens. Nous faisons plutôt de la Soul Music, et cela depuis un peu plus d’un an. C’est un projet qui a démarré sur des compositions en duo, puis très vite nous ont rejoints Jeremy à la batterie, Ludo à la guitare et Laurent à la basse. Nous sommes pour l’instant 5 sur scène, mais bientôt nous serons 7 avec l’intégration d’une section cuivres.

BM > 4 consonnes pour un nom de groupe, quelle en est la signification ?
DNVR > On avait du mal à trouver, comme pour chaque projet, un nom de groupe.
Jérémy > En fait, je suis aussi vidéaste et un jour, je filmais un concert à Vernon et je me rends compte que le mec que je filme est celui qui a écrit le générique du dessin animé Denver Le Dernier Dinosaure. On était dans cette phase où on s’envoyait énormément de textos pour trouver un nom et moi, l’œil dans ma caméra, j’entends le mec jouer Denver et j’envoie ça à tout le monde en disant : Denver c’est cool, ça sonne bien, c’est chouette. Il y a tout d’abord le côté le dernier des dinosaures qui colle bien à la musique pas très actuelle que l’on fait. Ensuite, sans prétendre que nous soyons les seuls ou les derniers à faire cela, il y a l’idée de ressortir à notre façon un style quelque peu ancien.
Au départ, on écrivait DENVER comme le dinosaure, mais en tapant DENVER sur un clavier, on tombait inévitablement sur la ville de Denver et il serait donc impossible de se créer un réseau social avec ce nom. Alors, on s’est dit qu’en retirant les voyelles, nous aurions plus de possibilités, même si on peut tomber sur des équipes de foot américain, des trucs comme ça. Donc voilà, on est partis là-dessus en se disant que l’important ce n’est pas le nom, c’est de le trouver, de le choisir, de se fixer dessus, et puis de toute façon, ça marchera.


DNVR 1 La Traverse web

BM > D’où vient cette orientation musicale que l’on classe comme un mix de Soul et de Pop, sans oublier une touche de Blues ?
DNVR > En fait, tu viens de décrire plein de styles musicaux qui nous ressemblent, et c’est un peu de chacun de nos univers. Je pense que Ludo est plus Blues. Moi, Jérémy, je suis plus Pop. Angèle est plus Soul, Romu vient du Jazz et Lolo vient d’un gros mélange de tout. Nous sommes hyper ouverts à ces styles musicaux, mais nous apportons tous notre touche là-dedans, ce qui donne au final le style que tu as défini.

BM > Vous ne définiriez donc pas un style de musique, mais un mix d’un ensemble de styles ?
DNVR > Nous sommes obligés, parce qu’on nous le demande tout le temps et généralement nous répondons Soul Pop, parce qu’on ne fait pas vraiment du Blues, pas vraiment de la Soul et pas vraiment de la Pop. L’étiquette Soul Pop, bien que nous ne soyons pas fans de ce terme, est celle qui convient le mieux.

BM > Comment se crée cette musique, d’où viennent les idées et y a-t-il un chef d’orchestre ?
Romuald > Au début, c’était sur des compos écrites par Angèle et moi. Depuis que nous sommes ensemble, ça s’écrit ensemble. Je ne sais pas s’il y a des règles, chacun amène son truc et on brode autour de cela
Jérémy > C’est vraiment Angèle qui s’occupe de la partie texte et pour la partie musique, il y en a un qui ramène une idée. Parfois ça matche, parfois non. On essaie de construire quelque chose autour, la magie opère ou non. On le met de côté, on le ressort plus tard, mais effectivement, il n’y a pas trop de règles.

BM > Avez-vous chacun une musicienne ou un musicien préféré afin que l’on ait une idée de vos sources d’inspiration ?
Ludo > Je suis le guitariste. J’ai beaucoup été influencé par Lucky Peterson et Maceo Parker.
Romuald (claviers) > Moi, au niveau instrumentiste, en Jazz c’est Bill Evens, mais après c’est plus des styles comme le Jazz ou le Reggae.
Angèle (chant) > Mes influences sont Etta James dont un live d’elle à Montreux qui fut pour moi une révélation. Après, il y a Alicia Keys et plein d’autres. On me dit souvent Amy Winehouse, ce n’est pas celle que j’ai écoutée le plus, mais j’aime aussi.
Jeremy (batterie) > Moi c’est très large, ça va aller des Foo Fighters à John Mayer, en passant par Brassens. J’écoute tellement de choses que j’ai du mal à répondre à cette question sur mes sources d’inspiration, parce que je suis plus inspiré par des groupes actuels que par des artistes disparus.
DNVR > Notre bassiste Laurent n’étant pas là ce soir, on va dire en son nom qu’il aime Annie Cordy (suivi d’un grand éclat de rire de l’ensemble des présents)…

BM > Je vous ai découverts lors de votre victoire au tremplin 2022. Depuis, que s’est-il passé ?
DNVR > Ça nous a pas mal aidés de gagner le tremplin. Pour l’anecdote, c’était quasiment notre 1ère date. Du coup, on avait tout à faire, tout à prouver. Cela ne faisait qu’un mois que l’on jouait ensemble.
Jérémy > Suite à ça, il s’est passé beaucoup de choses…On a été incubateur avec le Tangram, un dispositif d’accompagnement pendant 1 an. On est aussi groupe Pop Up, un accompagnement artistique initié par La Gare Aux Musiques à Louviers. Nous sommes aussi dans le dispositif d’accompagnement régional Go de Start & Go, qui attribue une subvention pour financer un album. On a réussi également à monter une trentaine de dates. En fait, le tremplin a été le déclencheur de tout cela.


DNVR 2 La Traverse web

BM > Cela vous a-t-il apporté un booster et de quelle façon ?
DNVR > Cela n’aurait pas changé notre projet. Mais il est clair que cela a confirmé que nous pouvions poursuivre dans ce sens. Puis c’est chouette, car le tremplin était presque notre 1ère date de l’année et qu’aujourd’hui, c’est notre dernière date de l’année, et nous revenons à La Traverse. La boucle est bouclée. En fait, tout cela nous est arrivé sans rien n’avoir sorti, juste des vidéos sur YouTube.

BM > On est toujours en attente d’un album. Où en êtes-vous sur ce point ?
DNVR > Eh bien l’album, il est écrit, et ce n’est pas une mince affaire. On a décidé de le faire et de tourner avant de l’enregistrer, parce qu’il est important pour nous que les morceaux vivent et évoluent. L’idée était de jouer, jouer et rejouer les morceaux, ce que l’on a fait toute l’année. Là, nous partons nous enfermer le mois prochain à la Gare Aux Musiques de Louviers pour l’enregistrer. Pour le nombre de titres, on ne sait pas, car nous voudrions faire un vinyle, mais un vinyle est limité en temps. Donc, on ne sait pas si on va faire un vinyle, voire un double vinyle, voire un album en 2 parties décalées dans le temps. On réfléchit à tout ça. On voudrait le sortir pour avril 2025.

BM > Comment voyez-vous votre avenir ?
DNVR > On a déjà quelques dates en 2024. L’idée est que la sortie de l’album s’accompagne d’une tournée. On voudrait jouer un maximum pour le défendre, avec un plus apporté par la section cuivres qui nous a rejoints.

BM > Que pouvons-nous vous souhaiter ?
DNVR > Une tournée au Canada, ce serait chouette. En vrai, composer, enregistrer, tourner et vivre de ce que l’on fait. Pour l’instant, nous sommes pour la plupart intermittents du spectacle avec de l’activité connexe. Nous n’en sommes qu’à notre 1ère année, mais si nous pouvons tendre vers ça, c’est un objectif qui doit être cool.

BM > Merci pour cet entretien.
DNVR > Merci à vous de nous soutenir. Il faut des gens comme vous pour que nous puissions exister.