Interview Lucy
Préparée et réalisée par Alain Hiot
Photos Alain Hiot
Ils avaient fait forte impression lors de la clôture du festival Blues sur Seine en 2023, et la sortie de leur 1er album est donc l’occasion de vous faire découvrir cette belle formation.
BM> Nicolas, pour que les lecteurs puissent mieux vous connaitre, peux-tu nous présenter les musiciens, qui fait quoi, et quelles sont les influences musicales de chacun ?
Nicolas Ponsar> Alors, le groupe LUCY est composé de Fabrice Monnel à la guitare électrique, David Lucain à la basse et contrebasse, Arnaud Hans-Moëvi à la batterie et percussions et moi-même, Nicolas Ponsar au chant, guitare acoustique et clavier.
Pour les influences, moi c’est plutôt Francis Cabrel ou Gérald De Palmas pour la chanson française mais je suis aussi très influencé par des artistes américains comme Tracy Chapman, Ben Harper ou Lenny Kravitz.
Nicolas Ponsar
Fabrice> C’est l’album The Dark Side of the Moon qui m’a donné envie de jouer de la guitare et notamment le solo de Time. J’avais 13 ans à l’époque. Même si j’écoute de tout, et que j’ai joué de nombreux styles différents, j’ai été définitivement marqué par les guitaristes des seventies et le Blues.
Fabrice Monnel
David> J’ai plutôt des inspirations musicales funk et jazz. Mes origines caraïbes se retrouvent aussi dans mes lignes de basse et je puise parfois dans des musiques pop rock où le duo basse batterie installe un confortable matelas pour l’expression des autres musiciens et des textes.
David Lucain
Arnaud> J’ai une culture plutôt pop rock, Toto, Police, Phil Collins, Jean-Jacques Goldman… mais avant LUCY, j’ai joué dans divers groupes soul, funk ou world music.
Arnaud Hans-Moëvi
BM> Comment est né ce groupe ?
Nicolas> J’étais guitariste chanteur dans un groupe de Rhythm’n’Blues/Soul/Jazz , The Big Muddy, avec Arnaud. J’ai mené ce projet pendant quasiment 10 ans. Puis j’ai eu envie de me lancer dans un challenge excitant. Celui de proposer un groupe avec un répertoire en français sur des compositions originales. J’ai immédiatement pensé à David et Fabrice qui jouaient dans de belles formations que je croisais souvent.
BM> Pourquoi ce nom Lucy ? Hommage aux Beatles ? Au film de Luc Besson ? À l’Australopithèque découverte en Éthiopie ?
Fabrice> C’est très simple : 4 lettres, 4 musiciens, un prénom féminin qui marche en français et en anglais (clin d’œil à nos influences) et pour représenter 4 bonhommes métissés. Mais ce n’est pas que cela, c’est surtout un hommage à notre ancêtre africaine. Pas seulement la nôtre, mais à l’humanité toute entière.
David> En toute humilité, Lucy parle à l’humanité sans distinction d’aucune sorte. Un symbole des origines, de notre histoire qui nous traverse toutes et tous… qui fait ce que nous sommes. La petite histoire de chacun dans la grande Histoire.
LUCY - Festival Blues sur Seine
BM> Vous sortez votre tout 1er album, Demain, dont la pochette est très symbolique. Pouvez-vous nous en toucher 2 mots, et qui a eu l’idée de cette photo ?
Arnaud> J’aime beaucoup cette photo. 4 mains distinctes unies autour d’un même projet ! Pour moi, elle évoque bien notre complicité mais aussi le métissage de notre musique.
Fabrice> C’est une idée du photographe avec qui nous faisions la séance, Nicholas Bady. L’idée nous a bien plu. Je trouve qu’elle parle d’elle-même et je crois qu’elle parle aussi à beaucoup de monde.
LUCY - Demain
BM> Comment avez-vous eu l’opportunité d’enregistrer à Astaffort chez Baboo Music ?
Nicolas> Pendant le confinement, étant grand fan de Francis Cabrel, je suivais les petites vidéos qu’il diffusait sur Youtube depuis le compte Baboo Music. Quelques mois après, il est passé avec sa fille, Aurélie, dans l’émission Quotidien de Yann Barthès dans laquelle il a présenté ce label, Baboo Music, les valeurs et la philosophie qui les animaient. J’ai été immédiatement séduit. Le lendemain, j’envoyais simplement un mail présentant notre groupe, c’était en 2023. On a longuement échangé. La confiance a dû s’installer petit à petit et le projet s’est monté tranquillement, étape par étape avec une bienveillance, une écoute et un professionnalisme qui ont rythmé les mois qui ont suivi.
BM> Côté contenu musical, l’album ouvre sur un riff de guitare Blues-Rock et voyage ensuite plutôt du côté Pop-Rock. Cela s’est-il fait comme ça au fil des compos ? Et d’ailleurs comment sont-elles nées ? C’est un travail collectif ?
Nicolas> J’écris tous les textes et j’ai souvent des idées de mélodies qui vont avec ou de l’atmosphère qui devrait correspondre. Ensuite, c’est un vrai travail collectif. Chacun amène son univers, sa sensibilité et ce que les paroles évoquent en lui. On ajuste ensemble pour que tout le monde y trouve son compte musicalement. Je m’assure que ce soit cohérent par rapport à nos autres chansons et je suis souvent surpris du résultat final qui est parfois bien différent de ce que j’avais imaginé au départ. C’est très exaltant.
BM> Les textes en Français c’était une condition sans appel ?
Nicolas> Ah oui ! (rires) On y tient. La langue française est tellement riche, il y a tant de nuances, tant de possibilités d’interprétation. C’est notre langue maternelle, ça nous semble logique et c’est aussi un vrai challenge que d’écrire en français avec toute cette musique anglo-saxonne qui nous entoure.
BM> Un peu de souffle ne laisse pas grand doute sur le thème de cette chanson dont le texte est très fort. Quelle en est la genèse ?
Nicolas> Cette chanson est née à la suite de découvertes généalogiques que j’ai faites sur ma famille. Avec la numérisation des actes administratifs datant du début du 19ème siècle, J’ai pu retrouver un acte de 1849 de Martinique dont je suis originaire. Dans cet acte, était mentionné mon nom de famille qui a été donné à un esclave qui portait simplement un prénom et un numéro de matricule. Un moment fort. J’ai découvert beaucoup d’informations et j’ai aussitôt fait des recherches et trouvé d’autres actes pour les ancêtres de Fabrice et David qui ont les mêmes origines. Arnaud, lui vient du Bénin, d’où partaient les esclaves du commerce triangulaire. L’endroit de la fameuse Porte de non-retour ou Porte rouge. Ces découvertes avaient une certaine logique… Bref, tout ça a donné cette chanson. C’est quelque chose qui me passionne et je pourrais en parler des heures.
LUCY - Festival Blues sur Seine
BM> On retrouve également un titre très Folk-song, Demain, c’est également une de tes inspirations ? Avec des artistes en particulier qui t’ont influencé ?
Nicolas> Oui, j’adore la musique Folk et le Blues. Pour les inspirations anglo-saxonnes, j’ai beaucoup écouté Tracy Chapman, Eric Bibb, Ben Harper, Keb’ Mo’ ou encore Ray Lamontagne. En France, c’est l’incontournable Francis Cabrel qui est ma référence absolue. Tant pour les textes que pour les mélodies que je trouve délicates, poétiques, précises. Quasiment du travail d’artisan pour moi. Par ailleurs, cette chanson est également le titre de l’album. Les paroles, Demain, un autre jour se lève… symbolisent bien nos angoisses qui s’estompent ou bien nos rêves qui prennent vie… lentement. Avec toujours une lueur d’espoir autour de nous. Il suffit de savoir (re)apprendre à ouvrir nos yeux. J’en profite pour dire que l’album sortira en physique le 7 juin pour un concert prévu à l’Espace Brassens de Mantes-la-Jolie (78) et certainement début juillet sur toutes les plateformes de streaming.
BM> Dernière question, vous tournez essentiellement en région parisienne, c’est un choix délibéré ou est-ce dû aux emplois du temps de chacun, ou à autre chose telle que ne pas avoir de booker ?
Nicolas> C’est vrai que nous tournons essentiellement en région parisienne mais ce n’est pas un choix particulier. Nous sommes ouverts pour partager notre univers et ce que nous avons à dire, n’importe où. Nous n’avons personne pour le moment qui nous aide pour le Booking. C’est certainement ce qui nous limite à un secteur géographique. On commence à penser à contacter un Booker. D’abord, il y avait l’album à faire. On avance tranquillement, et notre prochaine étape fait escale le 7 juin, sur les bords de la Seine à Mantes-la-Jolie.
LUCY - Festival Blues sur Seine
Site Internet : https://www.lucy78.fr/
Release partie : Samedi 7 juin 2025 – Espace Brassens – Mantes-la-Jolie (78)